Les sagesses du monde, les mystiques de toutes traditions nous exhortent à la gratitude. C’est là une clé puissante de transformation nous conduisant à affiner notre lien avec le vivant. Alors, je vais évoquer plusieurs déclinaisons de ce qui pourrait être une pratique de chaque instant :

  • La pratique de la gratitude en cuisine
  • La gratitude à table
  • Les pratiques universelles autour de la nourriture
  • Mieux cerner la nature de la gratitude dans la vie

La pratique de la gratitude en cuisine
Cuisiner et manger en conscience nous offre des occasions quotidiennes de pratiquer une précieuse méditation induisant un profond sentiment de gratitude. Penser à la nature qui en est à l’origine, au cheminement suivi par les aliments, aux personnes qui sont intervenues pour qu’ils parviennent jusqu’à notre cuisine. Et pour cela affiner notre connexion à l’instant présent. Remercier pour ce dont nous disposons. La plus belle reconnaissance est de respecter les précieux ingrédients dont nous avons la responsabilité et de les magnifier à travers nos préparations S’émerveiller avec humilité car rien nous est dû : apprécier le miracle chaque jour renouvelé afin de corriger nos pratiques et notre regard d’enfants gâtés.

La gratitude à table
Le repas ayant été préparé en conscience, reste à le consommer avec autant de soin et d’attention. A le partager, avec d’autres à la même table ou seul en lien avec toutes les formes de vie du monde. Le repas devient ainsi un moment de réharmonisation avec l’univers en se connectant aux forces de vie l’ayant rendu possible.
Le repas est le moment privilégié permettant de se connecter aux forces de vie l’ayant rendu possible avec une pensée toute particulière pour l’origine des ingrédients et pour le travail effectué pour réaliser le repas, si simple soit-il !. Ceci invite à une réflexion sur les liens existants entre jardin et cuisine, entre jardinier et cuisinier.
La prière avant le repas avait cette fonction, en dehors de toute considération religieuse.
Recevoir, remercier ne parait pas boucler le cycle du vivant si nous n’y ajoutons pas la réciprocité. A notre tour de nourrir la vie. Cette gratitude à table devient une superbe occasion d’exprimer notre reconnaissance en redonnant à notre tour, en offrande, même de manière symbolique, comme nous allons le voir.

Les pratiques universelles autour de la nourriture
Un exemple de réciprocité nous est suggéré par les gestes de reconnaissance pratiqués au Pérou.
Avant de manger, les Indiens jettent toujours un peu de nourriture sur le sol et avant de boire, ils y versent un peu de liquide parce que, selon eux, la « Terre Mère », la Pacha Mama a aussi faim et soif. Pour eux, ce geste est naturel.
Voir aussi « L’homme qui parle avec les plantes »- Yvo Perez Barreto.
Dans notre quotidien, cueillir, ramasser mais donner quelque chose en contre partie. Ne pas tout prendre, jusqu’à la dernière pomme de l’arbre…
Prendre conscience qu’une plante est un être vivant au même titre qu’un animal. Respect et émerveillement vont de pair. Et s’il faut les manger, que ce soit avec reconnaissance et sans gaspillage.
Gratitude et convivialité. A noter que le pain est synonyme de travail, de bonheur, d’une certaine aisance puisque de tous temps, l’inviter à la table de chaque jour signifie que tout va bien et « qu’à bon pain, dit le proverbe, ventre plein ». L’étymologie de ce mot, symbole de vie, vient du latin populaire « companio ». Copain, compagnon : celui qui mange son pain avec…”.

Mieux cerner la nature de la gratitude dans la vie
La gratitude est un élan du cœur exprimant le contentement. Peu importe à qui ou à quoi l’on s’adresse, le cœur s’ouvre devant ce que la vie offre et il dit « merci ». Comment cela peut-il être radical ? En fait, ce n’est pas nécessairement quand nous remercions pour ce qui va bien que nous goûtons le pouvoir de la gratitude, mais plutôt quand l’énergie de la gratitude infuse tout ce que nous faisons.
Remercier la vie pour chaque petite chose qu’elle nous donne crée une impression d’abondance. Quelques pistes pratiques :
• Prendre l’habitude de dire merci tout au long de la journée, Dites merci pour ce que vous avez, même si ce n’est qu’une respiration. Merci… je suis vivante.
• Si cela vous aide, vous pouvez consigner vos mercis dans un carnet, chaque jour ou quelques fois par semaine, et les relire au besoin, quand vous n’arrivez plus à sentir l’abondance autour de vous.
• J’aime aussi ce que j’appelle « l’exercice des trois mercis », qui consiste simplement à nommer trois choses qui évoquent de la gratitude, à des moments particuliers de la journée : au coucher, au souper, en revenant d’une activité, etc. Cela se fait très bien en famille et génère une belle énergie d’abondance.
Enfin écoutons les paroles redoutables prononcées par le Dalai Lama : « Nous devrions éprouver de la gratitude à l’égard de nos ennemis, car ce sont eux qui nous aident le mieux à développer un esprit tranquille »
Propos inspirés en partie par Anne-Marie Jobin

By Gerard