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Le désert m’a menée à ma fenêtre. II ne s’agit plus ici de vivre en apnée en attendant le week-end ou les vacances. Il ne s’agit plus de retrouver le sourire, un billet d’avion entre les mains ; mais de vivre chaque jour le grand voyage. Elle est peut-être là la véritable aventure: savoir partir en voyage par la fenêtre, Peter Pan emmène ses amis au pays imaginaire en passant par la fenêtre, car elle est la porte des rêves.

Un homme qui vivait entre quatre murs sans ouverture avait dessiné une fenêtre sur l’un d’eux. Il n’a pas subi l’isolement, il a créé un passage pour partir en voyage. Comme un troisième œil qui verrait avec les yeux de l’âme.

Quoi que nous vivions, où que nous soyons, nous pouvons vivre au grand air, nous pouvons revenir à la source, retrouver les forces et le souffle qui nous manquent. C’est très simple, il suffit pour cela d’ouvrir sa fenêtre et de rester assis face à elle sans rien faire, juste sentir l’air du soir sur sa peau et laisser l’esprit vagabonder pendant que le corps se relâche. S’offrir la chance de ne rien donner, rien espérer, juste être là, gratuitement. À l’image de ces journées d’attente dans le désert contre lesquelles on peste avant de comprendre enfin que c’était une grande chance d’être obligé de vivre ces heures qui n’attendent rien de nous.

Si nous sommes à bout de force, n’attendons pas la fin de la semaine, une échappée belle nous espère là, tous les jours, sous nos yeux, par la fenêtre.

« Qu’est-ce qui reste dans une vie ? Est-ce que ce sont toutes nos préoccupations avec un millier de choses futiles? Non, Mais il y a des moments privilégiés où on est comme… comme un cri pur, où on est comme un grand regard qui s’ouvre, sur rien peut-être, ce qui est la seule chose existante. Ces moments-là, ils brillent. C’est la seule chose qui reste de nos vingt, trente, quarante ans de vie. »

Et si l’on partait dans le désert justement pour ressentir le choc d’un regard qui s’ouvre sur ce qui brille au coeur du silence? Et si l’on partait pour toucher l’infini ? Pour effleurer cet absolu qui sous-tend toute chose.

La liberté serait d’atteindre cet essentiel en regardant par la fenêtre afin que la joie soit à portée de main. N’est-elle pas l’oasis de tous les déserts intérieurs que nous traversons? N’est-elle pas notre seule aspiration derrière les couches de nos devoirs, nos aspirations, nos amours ? Nos rêves d ailleurs ne dévoilent-ils pas l’espoir secret de trouver un peu de joie sur terre ?

Blanche de Richemont citée par http://www.quecherchezvous.fr/2018/05/que-reste-t-il-d-une-vie.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

auteur de : Éloge du désert, Éloge du désir, Pourquoi pas le silence, les passions interdites…

By Gerard