Mujo ou l’impermanence

C’est seulement quand le temps s’arrête que nous pouvons accéder à un état de pure intensité. Les japonais ont un terme pour cela : Mujo.

Mujo, c’est prendre conscience que tout est instable et que rien n’est constant. Tout est transitoire, mais c’est justement ce côté éphémère des choses qui fait le charme de l’existence. Que serait la mer sans les vagues, une montagne sans brumes, une personne sans défauts ?

Le mujo, signifiant «l’impermanence de toute chose», est un concept bouddhiste basé sur l’évolution, le changement. Toute chose qui existe doit nécessairement avoir un début et aura un jour une fin. Selon cette philosophie, le présent n’existe pas. Les conceptions du présent, du passé et du futur sont illusoires. Le temps se résume alors à la notion d’instant.

Rien ne peut échapper au changement et à la destruction. Tout se transforme sans cesse : le corps, l’esprit, les pensées, l’environnement, l’univers…

Il faut alors apprendre à vivre librement. En vivant avec peu de moyens, nous devenons plus riches. Nous apprenons à nous connaître, à développer nos goûts et à nous suffire à nous-mêmes. Ne pas s’attacher aux choses permet un désencombrement, plus de liberté, de simplicité et de légèreté. Pourquoi devrions-nous entasser tant d’objets? S’ils ne servent pas depuis longtemps, c’est le signe qu’ils ont atteint la fin de leur utilité. Nous devons accepter le changement et s’en débarrasser en les donnant, en les vendant ou en les jetant. Le strict nécessaire rendra notre vie meilleure, axée sur le présent, sur l’instant.

Le mujo s’applique aux objets, mais également à toutes les sphères de notre vie. C’est l’acceptation de la naissance et de la mort. Du commencement et de la fin. Les moines zen disent mu, mu, mu : rien, rien, rien.  Rien est tout et tout est rien.

Et pour rester dans cette ambiance particulière, relire « Aimer la pluie, aimer la vie » – Dominique Loreau. On peut y lire les lignes qui suivent :

Mujo, ou l’art de flotter dans le temps
C’est toute cette beauté flottante avec ses flux et ses reflux qui font que nous sommes semblables à la pluie.
Etre ou ne pas être, flotter entre permanence et impermanence : c’est une esthétique quotidienne du faire, du dire, de l’agir. Savoir être à la fois absent et présent, rester attentif aux détails de la vie sans leur retirer leur poésie, tel est le juste milieu. Tel est l’art de surfer sur les vagues du temps.

 

By Gerard